Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/302

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une dissimulation qui fut un des grands scandales de l’histoire ? Tremblant d’être pris pour dupe, l’abbé Dupanloup aurait volontiers provoqué un éclat qui pût éclaircir ses doutes. Mais la politesse exquise de M. de Talleyrand le désarmait. Il se décida donc à lui écrire une lettre qui, rappelant des souvenirs de religion et de sacerdoce, fût de nature à arracher à M. de Talleyrand une réponse péremptoire. M. de Talleyrand répondit en effet, et sa réponse s’ouvrait par la phrase que voici : « Les souvenirs que vous invoquez, monsieur l’abbé, me sont tous bien chers, et je vous remercie d’avoir deviné la place qu’ils ont conservée dans ma pensée et dans mon cœur. » Entre le prince et l’abbé Dupanloup les relations continuèrent, la religion faisant le fond de leurs entretiens ; et telle était l’incertitude d’esprit de l’homme qui passait pour le patriarche de l’incrédulité, qu’il se laissa insensiblement amener non-seulement à l’idée de remplir ses devoirs religieux, mais encore à celle d’abjurer publiquement sa vie. C’est ce qu’il fit dans une déclaration adressée au pape, et qui fut soumise à l’archevêque de Paris. Le prince y confessait ses erreurs avec une humilité craintive. Seulement, il y en avait une qu’il s’étudiait à excuser. L’archevêque de Paris ne voulut pas de la restriction et fit subir à l’acte des modifications auxquelles M. de Talleyrand se résigna, tant il était soumis et dompté !

Cependant, il venait d’être atteint d’une maladie mortelle, et la nouvelle de ce qui se passait dans l’intérieur perçait déjà, quoique vaguement, au dehors. Ce fut pour la portion la plus mondaine de