Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/328

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diminue sa cherté, elle élève proportionnellement la valeur de l’industrie ; elle offre aux travailleurs, à des conditions moins dures, les instruments de travail qui leur manquent pourquoi mettre obstacle à d’aussi heureux effets de la surabondance de l’argent ? Si le capitaliste a dans les fonds publics un asile, il ne sera plus forcé de respecter dans le travail la source unique de son revenu ; il en deviendra, vis-à-vis du travailleur, plus exigeant, plus injuste peut-être ; sûr du placement de ses capitaux, il se sentira sollicité puissamment à l’oisiveté, et, s’il succombe à la tentation, son activité personnelle sera un trésor perdu pour ses semblables. Pour que le travail ne fût pas opprimé par le capital, au moins faudrait-il les placer l’un à l’égard de l’autre, dans des conditions d’égalité aussi parfaites que possible. Donc il faudrait que la rente cessât de faire concurrence à l’industrie, ce qui n’arrivera jamais si la perpétuité de la dette nous condamne à laisser éternellement ouvertes les portes de la Bourse. Eh ! le capitaliste n’a-t-il pas déjà sur le travailleur cet incalculable avantage, qu’il n’est pas pressé, lui, par l’aiguillon du moment, et qu’il peut toujours s’écrier : à demain la conclusion du marché ? Si à cette première cause d’inégalité on en ajoute une seconde, résultant de l’existence des fonds publics, n’est-il pas à craindre que des deux puissances aujourd’hui en lutte, l’une ne soit poussée à la tyrannie par la conscience de sa force, et l’autre à la révolte par le sentiment amer de sa faiblesse ? Vous donnez au capital un moyen de placement indépendant du travail : le travail a-t-il un moyen de