Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/330

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s’y endormir, pour y séjourner. Le mouvement des fonds publics n’était après tout qu’un moyen de faire passer les capitaux des mains de ceux qui ne sauraient les employer ou perdraient un temps précieux à leur chercher un emploi, aux mains de ceux qui sont en état de les aller sur-le-champ offrir à l’industrie. Il en résultait donc une succession plus rapide dans les offres de capitaux, et le prix de l’argent, par l’effet de cet abaissement même, tendait à s’abaisser. Seulement, il fallait faire en sorte que les fonds publics n’attirassent point par la séduction du haut prix les capitaux de l’homme actif, aussi bien que les capitaux de l’oisif ; et c’était précisément pour cela qu’il convenait qu’au moyen de conversions successives, l’intérêt de la dette fût réduit de plus en plus. Car, par la réduction de l’intérêt, on arrivait à ces deux résultats également avantageux : 1o  d’ôter au capitaliste intelligent et assez bien placé pour trouver d’habiles industriels l’appât funeste qui l’aurait retenu dans les fonds publics ; 2o  d’en écarter celui qui pouvait encore travailler utilement pour la société, mais qui, si l’intérêt payé par l’État était considérable, ne demanderait pas mieux que d’échanger une vie de travail contre une vie de loisir.

Ainsi, dans les idées de M. Laffitte, la rente cessait d’être une prime offerte à l’oisiveté de certains capitalistes ; elle devenait, au contraire, un moyen d’obvier à la paresse de certains capitaux, et devait acquérir de la sorte une véritable importance sociale.

Quant au danger d’établir entre le gouvernement