Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

développement même de l’Industrie, que par là elles retardent ou enchaînent : l’État laisse la prospérité publique s’accroître, et ne s’adresse à elle que lorsqu’elle s’est accrue. — Les compagnies veulent jouir vite, parce qu’elles meurent : l’État peut attendre, parce qu’il est immortel. — Les compagnies, par l’élévation et la durée des tarifs, arrêtent le pauvre à l’entrée des chemins de fer : l’État, qui a d’autres moyens que les tarifs pour rentrer dans ses avances, ouvre les chemins au pauvre comme au riche. — Les compagnies sont forcées à des dépenses énormes, dont le poids retombe ensuite sur le public ; il leur faut des agents d’intrigue pour obtenir la concession et écarter les rivalités importunes, des banquiers qui vendent leur crédit à l’entreprise et des spéculateurs qui lui donnent l’essor, des courtiers qui se chargent du placement des actions un cautionnement, des caissiers, des receveurs, des payeurs, des ingénieurs civils, des conducteurs, des conseils : l’État n’a rien à créer ; il a sous sa main des fonctionnaires tout trouvés ; il a, pour la partie financière, ses receveurs généraux et particuliers, ses receveurs des communes, ses receveurs de contributions indirectes ; pour la partie exécutive, ses ingénieurs des ponts-et-chaussées ; pour la partie administrative, les agents qu’emploie le service des préfectures. — Les compagnies ont besoin d’une foule d’employés qu’elles tirent du néant : l’État n’a qu’à étendre les attributions de ceux dont il dispose. — Les compagnies sont à la merci d’agents choisis presque toujours au hasard, impatients de faire leur fortune, et dont il faut quelquefois es-