Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/354

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terminées, et le président ayant demandé à mademoiselle Laure Grouvelle si elle n’avait rien à ajouter à sa défense, elle se leva et dit : « Si je prends la parole, Messieurs les jurés, c’est pour donner un témoignage publie de gratitude à celui qui est venu avec tant de courage — elle désignait Hubert — apprendre quelle a été ma vie, quelles sont mes pensées les plus intimes. Mon cœur est pour lui plein d’admiration et d’affection. Souvenez-vous qu’enveloppée dans un réseau fatal, je lui devrai, ainsi qu’à votre consciencieuse déclaration, la liberté… plus que la liberté… la vie de ma mère ! » Un moment interrompue par son émotion, elle reprit en désignant M. Billiard : « Un souvenir au respectable ami qui ne m’a pas quittée depuis le jour de mon arrestation et que vous voyez assis près de moi dans cette dernière épreuve. » Puis, se tournant du côté de Vallantin, qui, pâle, les yeux baissés, paraissait atterré sous le remords : « Que j’apporte aussi quelque consolation à une conscience qui, je le crois pour l’honneur de l’humanité, n’est pas tranquille et a besoin d’être consolée. Vallantin ! Hubert, de Vauquelin et moi, nous vous pardonnons vos inventions infâmes. Si jamais vous êtes malheureux, malade, abandonné de tous, souvenez-vous que je suis au monde. » La sensation produite par ces paroles durait encore quand lecture fut donnée de la déclaration du jury. Les accusés s’étaient retirés, suivant l’usage : on ramena Leproux, de Vauquelin et Vallantin pour leur apprendre le verdict qui les rendait à la liberté. C’était leur apprendre