Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/373

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richir par des concessions non sérieuses, étrangères à l’intérêt public et nuisibles à des tiers, ses proches, ses amis, ses employés, une femme qu’il aimait et la mère de cette femme. Un ami de salon, Me Parquin, soutenait le plaignant. Me Mauguin l’accabla. Puis se leva l’avocat-général, M. Plougoulm, austère, inexorable. Et il entreprit de prouver, dans son réquisitoire, que M. Gisquet avait manqué à ses devoirs en consultant, pour la distribution de ses faveurs, ses affections personnelles, non le bien de la cité. Il lui imputait d’avoir ouvert les bureaux de la préfecture de police à l’avidité du gain, d’avoir transformé les employés de l’État en agents d’affaires, lui opposant l’exemple de M. Rieublanc, que n’avait pas gagné cette contagion. Il laissa aussi tomber un blâme foudroyant sur l’empire subi par suite de liaisons illégitimes, et sur ce qu’offrait de hideux le spectacle d’une mère allant toucher le prix du déshonneur de sa fille. Il reconnaissait, au reste, dans M. Gisquet des qualités précieuses : le courage, l’énergie, un vrai talent d’administrateur ; mais il le jugeait dépourvu de sens moral, et finissait par conclure à l’acquittement du Messager en ce qui concernait les attaques dirigées contre le fonctionnaire public, à la condamnation en ce qui touchait les attaques relatives à l’homme privé, la loi contre la diffamation mettant, sur ce dernier point, la vérité même en interdit. Le jury s’étant prononcé en sens inverse des conclusions de l’avocat-général, le Messager ne fut déclaré coupable que sur le fait de diffamation envers un fonctionnaire public, et la cour d’assises