Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dessus d’un tel chaos, voilà le spectacle que présentait alors, abandonné à lui-même, le régime monarchique établi en France.

Aussi, quel sujet de joie amère et d’ironie pour les républicains, témoins de tant de complications misérables ! Dans un pamphlet qu’il publia sous ce titre : État de la question, M. de Cormenin s’écria : « La France veut le gouvernement du pays par le pays. La Cour veut le gouvernement personnel du roi. Au bout de l’un se trouvent l’ordre et la liberté : au bout de l’autre se trouve une révolution. Voilà l’état de la question. »

Cependant, l’heure décisive approchait. À Paris le succès électoral de la coalition fut éclatant : sur douze colléges elle en obtint huit par l’élection de MM. Ganneron, Eusèbe Salverte, Legentil, Carnot, Moreau, Galis, Cochin, Garnon ; et le ministère quatre seulement, par l’élection de MM. Jacqueminot, Jacques Lefebvre, Beudin et Laurent de Jussieu. Dans les départements, mêmes résultats en faveur de la coalition.

Aux attaques dont le ministère Molé était assailli de tant de côtés à la fois le parti légitimiste joignait les siennes. M. de Genoude, surtout, dans la Gazette de France, inquiétait le pouvoir et le harcelait.

Admis dans le sacerdoce après avoir été marié, M. de Genoude tenait à la fois du prêtre et du laïque. Il avait, du prêtre, le maintien composé, le calme dans l’audace, les passions sourdes, la tenacité ; mais il dédaignait les petites pratiques, ne se piquait nullement d’intolérance, et employait sans scrupule les procédés mondains. Mélange bizarre