Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/405

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À son tour, et avec beaucoup d’éloquence, beaucoup de feu, M. de Rémusat fit ressortir le danger de rompre le faisceau que la coalition avait formé. Il exposa que les empiétements de la prérogative royale ne pouvaient être arrêtés que par une alliance étroite entre MM. Barrot, Guizot et Thiers ; que, cette alliance une fois brisée, la Chambre ne tarderait pas à être dominée ou asservie qu’en présence d’une autorité permanente entourée du prestige que donne la majesté royale, douée de la force qui se puise dans l’unité, rien n’était plus à craindre que le fractionnement des partis parlementaires, et qu’il y allait de l’existence du régime constitutionnel ; que, d’ailleurs, entre les doctrinaires et la Gauche les dissidences d’opinion n’étaient pas si réelles qu’un habituel contact ne les pût aisément faire disparaître ; que la coalition avait déjà détruit bien des préventions injustes, émoussé beaucoup d’aspérités apparentes, et qu’il était aussi facile qu’urgent de poursuivre une œuvre de conciliation heureusement commencée. Et puis, il ne fallait pas, suivant M. de Rémusat, que la Gauche s’exagérât la portée de son action. Puissante sur une partie de la société, elle était pour l’autre un objet d’effroi. Que ne gagnerait-elle pas à s’associer un homme dont le nom lui servirait d’égide auprès des conservateurs les plus défiants ? Mais comment obtenir de pareils résultats si l’on commençait par disputer à M. Guizot, dans le Cabinet, une place digne de son talent et en rapport avec ses services ?

Pendant ce discours, M. Guizot avait donné de nombreux signes d’assentiment. Son adhésion avait