Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/416

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gères et à prendre celui de l’Intérieur. La proposition avait quelque chose de si imprévu et de si insultant, elle indiquait si bien l’intention de donner à la question d’Espagne un tour contraire aux vues émises par M. Thiers, que ses amis refusèrent pour lui avant de l’avoir consulté. Lui, il en éprouva contre le maréchal Soult un surcroît de haine qu’il ne craignit pas d’exhaler, à la tribune, en termes passionnés. Et quant à M. Passy, qui avait noué l’affaire, il se plaignit hautement d’avoir été trompé, ce qui ne l’empêcha pas de faire une seconde tentative.

C’était la sixième combinaison essayée, et tout annonçait, cette fois, qu’on arriverait à un dénoûment. Les portefeuilles furent distribués comme il suit : le ministère des affaires étrangères à M. Thiers, l’intérieur à M. Dufaure, le commerce et les travaux publics à M. Sauzet, les sceaux à M. Dupin aîné, la guerre au maréchal Maison, la marine à l’amiral Duperré, l’instruction publique à M. Pelet (de la Lozère). Pour prévenir toute dispute de prééminence, il avait été convenu que le Conseil n’aurait pas de président réel ; qu’il y aurait seulement, pour la règle des délibérations, un président d’ordre ; et que ce serait M. Dupin qui en remplirait les fonctions. Le 29 avril, chacun disait la crise terminée. Quoiqu’il n’y eût pas séance ce jour-là, les curieux affluaient autour du Palais-Bourbon ; une foule nombreuse et impatiente de députés encombrait la salle des conférences, les yeux fixés sur les voitures qui stationnaient dans la cour et devaient conduire les nouveaux ministres aux Tuileries. On attend, mais