Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/420

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rêtons-nous ici pour faire remarquer à quels tristes, à quels déplorables entraînements se condamnent les hommes qui, ayant plus de foi aux victoires de la force qu’aux pacifiques et inévitables conquêtes de l’intelligence, font du progrès de l’humanité une affaire de coup de main, une aventure Les membres du Comité se sentirent enlacés fatalement par la circonstance. Leur armée leur échappait à moins qu’elle ne les entrainât, et une main de fer les poussait sur des pentes où il n’est donné à personne de s’arrêter après un premier, après un téméraire engagement ! Exemple qui, de nos jours, ne saurait être trop médité par tant de nobles jeunes gens que trompe leur patriotisme ! Car la foi politique a son ivresse et le dévouement ses illusions.

L’insurrection fut décidée. Quant aux moyens, ils étaient de tradition parmi les conjurés : grouper, sous prétexte de revue et à l’insu les unes des autres, toutes les divisions dans le voisinage d’un magasin d’armes, et distribuer sur place les fusils et les cartouches, dont la répartition anticipée eût trahi le complot. Le magasin de Lepage passait pour un des mieux approvisionnés de Paris ; il avait, en outre, l’avantage d’être situé dans un endroit central il fut désigné comme point de réunion ; on se procura dans les environs deux lieux de dépôt ; et les dernières journées furent employées : par Barbès, à visiter les chefs de tous grades dans les divers quartiers ; par Martin Bernard, Guignot, Meillard etc… à étudier en détail les localités et à marquer les boutiques qui pouvaient servir de logis d’attente. Pour éviter les erreurs de domicile et les encom-