Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/425

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tombeau. Parmi les chefs, Guignot et Meillard étaient blessés ; Barbès avait été aussi frappé à la tête : on l’arrêta les mains noires de poudre et la figure couverte de sang.

L’insurrection du 12 mai, abattue, enfanta un ministère. Le maréchal Soult eut la présidence du Conseil et les affaires étrangères, M. Teste la justice, M. Schneider la guerre, M. Duperré la marine, M. Duchâtel l’intérieur, M. Cunin-Gridaine le commerce, M. Dufaure les travaux publics, M. Villemain l’instruction publique, M. Passy les finances.

Le 27 juin 1839 comparurent devant la Cour des pairs : Armand Barbès, Martin Bernard, Bonnet, Roudil, Guilbert, Mialon, Delsade, Lemière, Austen, Walch, Lebarzic, Philippet, Dugas, Nouguès, Noël Martin, Marescal, Pierné, Grégoire. Le nombre des inculpés était beaucoup plus considérable, mais, comme à l’égard des derniers l’instruction ne se trouvait pas encore complète, on s’était cru le droit de diviser les accusés en deux catégories. Avec une vive éloquence, MM. Emmanuel Arago et Dupont défenseurs de Barbès et de Martin Bernard prouvèrent que l’indivisibilité du délit entraînait celle de la procédure ; qu’ainsi le voulaient la jurisprudence, la logique, le bon sens, l’équité ; que, lorsqu’il s’agissait d’un fait commun à plusieurs, la part assignable à chacun dépendait de l’ensemble des témoignages ; qu’il y avait danger manifeste à condamner un accusé sur des apparences que ses co-accusés, sur des aveux ultérieurs, pouvaient détruire. Et à l’appui de leur doctrine, habilement combattue par le procureur-général, MM. Emma-