Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/426

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nuel Arago et Dupont invoquaient une consultation signée par des avocats distingués : MM. Martin (de Strasbourg), Hennequin, Nicod, Odilon Barrot, Ledru-Rollin, Marie, Joly, Bethmont, Dugabé, Galisset Coralli, Béchard, Lucas, Crémieux, Durand de Romorantin, Mandaroux-Vertamy, Charamaule, Dupont-White, Maurat-Ballange, Moulin, Lanvin, Nachet, Plocque, Durand de Saint-Amand, Chamaillard, Cotelle, Hennequin fils. Mais, soit que le gouvernement fût bien aise de faire juger Barbès et Martin Bernard sous l’impression des colères du moment, soit qu’il craignît, suivant l’expression de M. Franck-Carré, le dépérissement successif des preuves et les embarras d’une longue procédure, on passa outre.

Dans son réquisitoire, M. Franck-Carré avait particulièrement insisté sur le meurtre de l’officier Drouineau, affirmant que c’était un assassinat et que Barbès en était coupable : Barbès se leva, et jamais conviction plus profonde n’apparut sous un plus noble aspect. Le calme de l’accusé, sa haute taille, le rayonnement de son front, la beauté fière et hardie de son visage, son élégance virile, tout révélait l’héroïsme de sa nature. Il s’exprima simplement, en peu de mots, et toucha jusqu’aux larmes une grande partie de l’assemblée. « Je ne me lève pas, dit-il, pour répondre à votre accusation ; je ne suis disposé à répondre à aucune de vos questions. Si d’autres que moi n’étaient pas intéressés dans l’affaire, je ne prendrais pas la parole ; j’en appellerais à vos consciences, et vous reconnaîtriez que vous n’êtes pas ici des juges venant juger des accusés ; mais des