Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/448

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mait en ces termes : « La conduite perfide du sultan, qui a agi contrairement aux conseils que lui donnaient les ambassadeurs à Constantinople, aura non-seulement épuisé ses ressources, mais affaibli son influence morale en Turquie, tandis que la conduite modérée d’Ibrahim-Pacha, agissant d’après les ordres de son père, s’abstenant de tout acte d’hostilité lorsqu’il pouvait détruire l’armée de Hafiz-Pacha, élèvera dans la même proportion Méhémet-Ali et augmentera son influence dans l’empire ottoman. »

Des deux principaux agents de l’Angleterre dans le Levant, l’un réfutait l’autre.

Au reste, s’il avait pu rester un doute sur ce que signifiait le passage de l’Euphrate, ce doute fut bien vite levé. Coup sur coup, l’avant-garde de Hafiz poussa jusqu’à Nézib, des cavaliers turcs furent lancés sur le village d’Ouroul, et l’occupation brutale de 14 villages dans le district d’Aïntab déchaîna la guerre. Comment l’aurait-on évitée ? L’exaltation de Mahmoud était au comble. Tahar-Pacha, envoyé pour inspecter l’armée de Hafiz, était revenu à Constantinople plein de confiance et ne présageant que victoires. Si on ne l’eût retenu, Mahmoud eût pris en personne la route du camp et déployé l’étendard du Prophète, tant était fougueux le bouillonnement de sa passion ! Il fallut bien enfin subir la loi de l’évidence : surpris et blessé, l’amiral Roussin voulut avoir, aux Eaux-Douces d’Europe, une conférence avec Nouri-Effendi et le capitan-pacha ; et, comme Nouri-Effendi se répandait en explications ambiguës, l’ambassadeur