Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/94

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Dans la soirée (6 août), Conseil se rendit fort tard à l’ambassade française. Voici ce qu’il raconte à ce sujet : « Arrivé chez M. de Montebello, je dis à un domestique de m’annoncer. Celui-ci fit d’abord des difficultés ; il voulait connaître mon nom, savoir ce qui m’amenait, etc. ; mais comme j’insistais, on m’introduisit directement dans une salle du rez-de-chaussée où se trouvait une société de messieurs et de dames. Le duc vint aussitôt vers moi et me conduisit dans un petit cabinet, où j’aperçus un bureau ainsi que des papiers. Là, je lui donnai des détails sur la position dans laquelle je me trouvais, et le duc me répondit à peu près en ces termes : « Savez-vous que cette position est très-mauvaise ? Que faire ? La police est à votre recherche depuis que je vous ai signalé. Il faut que vous quittiez Berne ; je vous délivrerai un passeport sous un autre nom, et vous tâcherez de vous échapper. » Là-dessus le duc s’assit, m’engagea également à prendre un siège, et fit chercher son secrétaire. Ce dernier n’ayant pu être découvert, le duc me dit de revenir le trouver le lendemain dès les cinq heures du matin. Comme je lui fis observer qu’une visite à une heure aussi indue pourrait me faire découvrir, il changea d’avis et m’ordonna de me rendre le lendemain à neuf heures du soir, à la chancellerie de l’ambassade, où l’on me remettrait un nouveau passeport et de l’argent pour le voyage. En me congédiant, le duc m’adressa ces paroles « Je donnerai à mon premier secrétaire les ordres nécessaires, et il arrangera l’affaire avec vous », Sur quoi je repris le chemin du Sauvage.