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DU TRAVAIL.

mette à rebrousser chemin, la honte sur le front, le désespoir dans l’âme.

« La concurrence a ses abus comme a eu les siens, politiquement et socialement, la liberté, dont elle est la transfiguration industrielle. L’arène de la concurrence est marquée par des chutes, des catastrophes, et parsemée de ruines ; elle a été bien souvent baignée de larmes. Que de fois l’avenir des familles y a été anéanti, que d’espérances légitimés y ont été renversées ! Combien d’épargnes amassées péniblement y ont été dévorées ! Combien d’hommes laborieux et loyaux y ont tout perdu, tout, jusqu’à l’honneur ! Je ne le dissimule pas, et personne plus que moi ne le déplore. Mais la carrière de la liberté a été aussi couverte de décombres, des actes infâmes en ont souillé le sol sacré, des torrents de sang l’ont inondée. L’affreuse guillotine y fut un moment inaugurée, que dis-je, sanctifiée, car on nous a parlé de la sainte guillotine ! L’athéisme y trôna pendant quelques jours, et des monstres dignes de l’exécration du genre humain y firent la loi. Est-ce à dire qu’il faille maudire la liberté ?

« Pourquoi donc rendre la concurrence responsable des mensonges, des méfaits, des violences qui se sont accomplis et s’accomplissent encore en son nom. Le principe de la concurrence sera longtemps encore, sinon toujours, la loi de l’industrie. Tout ce que les hommes de notre âge ont à faire, c’est dans l’application de l’empêcher d’aller jusqu’aux dernières conséquences. Il ne faut jamais se laisser conduire par la logique jusqu’aux