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ORGANISATION

déductions extrêmes d’un principe unique. Il faut balancer les principes exclusifs les uns par les autres. Ainsi ne négligeons rien pour parer aux inconvénients de la concurrence. Adoucissons, si dès à présent nous ne pouvons entièrement les guérir, les maux qu’elle cause. À cet effet, faisons pour la concurrence, ou pour la liberté industrielle, ce que nous avons opéré avec un succès qui sera bientôt plus manifeste, pour la liberté politique. Nous avons allié celle-ci à l’ordre, et ce fut un progrès salutaire et grand que d’écrire à côté du nom de la liberté, et sur la même ligne, celui de l’ordre public, dès le lendemain des journées de 1830. Que de malheurs n’a pas prévenus la direction nouvelle ainsi imprimée à la politique française ! De même en industrie, cessons de séparer l’idée de concurrence de celles d’association et de solidarité. De là ressortiront bientôt mille mesures fécondes et conservatrices. Mais supprimer la concurrence, jamais !

« Le genre humain n’a déjà pas tant de principes à son service. La civilisation ne change pas de principes comme un homme de chemises. Respectons donc ceux que nos pères ont eu tant de peine à faire prévaloir, et qui, après tout, étaient vieux comme le monde, comme l’éternelle justice. Sur la base qu’ils ont scellée de leur sang, tâchons que rien ne s’élève de contraire au sentiment généreux qui les animait, qui leur inspira tant de force, et qu’ils nous ont légué. Mais n’essayons pas de bouleverser cette base. Ce serait une entreprise sacrilège ; ce serait un attentat contre nous-mêmes, et