Page:Blanc - L’Organisation du travail.djvu/154

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
148
ORGANISATION

fabricant et chargé de pourvoir aux besoins de la consommation privée, quels moyens aura-t-il d’écouler ses produits, de chercher des débouchés soit au dedans, soit au dehors ? »

Si ces objections ne portaient point à faux, elles seraient fort graves assurément. Il est certain que l’État, devenu entrepreneur d’industrie et chargé de pourvoir aux besoins de la consommation privée, succomberait sous le poids de cette tâche immense. Je vais plus loin : en supposant qu’il y pût suffire, ce qu’on risquerait de trouver au bout d’un pareil système, ce serait la tyrannie, la violence exercée sur l’individu sous le masque du bien public, la perte de toute liberté, une sorte d’étouffement universel enfin. Mais qu’avons-nous donc proposé de semblable ? L’objection serait valable adressée au saint-simonisme. Mais qu’y a-t-il de commun entre notre système et les doctrines saint-simoniennes ? Nous avons dit que l’État devait être le régulateur de l’industrie : cela veut-il dire qu’il doit en exercer le monopole ? Nous ayons dit que l’État devait fonder des ateliers sociaux, fournir aux travailleurs des instruments de travail, rédiger des statuts industriels ayant forme et puissance de loi : cela veut-il dire que l’État doit se faire spéculateur, entrepreneur d’industriel ? Qui ne sent qu’on nous combat ici sur un terrain qui n’est pas le nôtre ? Qu’on re-