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DU TRAVAIL.

De peur qu’il ne finisse par abuser, de l’énorme pouvoir que lui conférerait le système, parvenu à son dernier degré de développement ; et aussi de peur que la tâche pour lui ne devienne trop lourde lorsqu’il aurait à régler administrativement, non plus tel ou tel atelier, mais toutes les branches de l’industrie.

Évitons l’écueil contre lequel est venu échouer le saint-simonisme. Les fondateurs de cette doctrine avaient bien vu que, seule, la main de l’État était assez forte pour détourner la société du chemin des abîmes ; mais, trop préoccupés des avantages de l’initiative gouvernementale, ils dépassèrent le but. Au lieu de confier à l’État le soin de diriger, de régulariser le mouvement industriel, ils lui imposèrent l’obligation de réglementer l’industrie dans tous ses détails ; de là, tout à la fois, impossibilité d’action et possibilité de tyrannie.

Certes, nous ne sommes pas de ceux qui crient anathème au principe d’autorité. Ce principe, nous avons eu mille fois occasion de le défendre contre des attaques aussi dangereuses qu’ineptes. Nous savons que, lorsque, dans une société, la force organisée n’est nulle part, le despotisme est partout. Il n’est pas une ligne, dans ce petit livre, qui ne soit, de notre part, une douloureuse protestation contre le lâche abandon des pauvres, abandon qu’on ose appeler la liberté ! Mais si