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DU TRAVAIL.

Entre le système de Saint-Simon et celui qui est exposé dans ce livre, la différence est manifeste, elle est radicale ; elle est en même temps théorique et pratique.

Dans la doctrine de Saint-Simon, le pouvoir est tout, il fait tout : après avoir tiré en quelque sorte de son propre sein le droit de s’imposer à la société, il la façonne à son gré : c’est lui qui classe les capacités, c’est lui qui distribue les fonctions, c’est lui qui préside au travail de tous, c’est lui qui pourvoit à la distribution des richesses. Dans la doctrine de Saint-Simon, l’État, c’est le pape de l’industrie. Dans notre projet, au contraire, l’État ne fait que donner au travail une législation, en vertu de laquelle le mouvement industriel peut et doit s’accomplir en toute liberté ; il ne fait que placer la société sur une pente qu’elle descend, une fois qu’elle y est placée, par la seule force des choses et par une suite naturelle des lois du mécanisme établi.

Dans la doctrine saint-simonienne, la hiérarchie s’établit essentiellement par l’élection d’en haut. Dans notre projet, au contraire, la hiérarchie s’établit essentiellement par l’élection d’en bas.

Dans la doctrine saint-simonienne, l’intervention de l’État dans l’industrie est permanente ; dans notre projet, elle n’est en quelque sorte que primordiale.