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ORGANISATION

trisaïeul. Riche, parce qu’il s’est donné la peine de naître, comme le noble de Beaumarchais, il daigne permettre à l’industrie de faire fructifier ce million. Du reste, il passe ses jours à la chasse, il court les spectacles et les promenades, il emploie ses veilles au jeu, il use sa vie tout entière dans des plaisirs ou des occupations qui n’ont pour but que la satisfaction de son égoïsme. Et parce qu’il n’aura pas stupidement enfoui dans la terre cette valeur d’un million qui existerait sans lui, qui existait avant lui, qu’il ignore l’art de féconder, dont il ne sait enfin que toucher et consommer le revenu, vous lui accorderez dans les fruits de la production une part égale à celle de l’homme intelligent et laborieux par qui cette richesse est accrue, mise au service de tous, et dont la vie n’est qu’un sacrifice perpétuel à la société ! Quelle justice distributive, bon Dieu ! Et que penser de ceux qui, voulant réformer le monde, ne voient pas dans une semblable répartition des bénéfices une brutale violation de toutes les lois de la justice et un outrage à la raison humaine !

Direz-vous que le capital n’est pas, dans l’œuvre de la production, un élément moins indispensable que le travail lui-même ? Entendons-nous. De ce que le capital et le travail sont deux éléments également nécessaires à la création des richesses, devons-nous conclure qu’au point de