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DU TRAVAIL.

vue de l’équité, le capitaliste et le travailleur sont deux agents également méritoires ? Une telle conclusion serait extravagante.

Direz-vous que tous les capitalistes ne sont pas des oisifs ? D’accord. Mais pourquoi faire si grande la part de ceux qui le sont ? et dans ceux qui ne le sont pas, pourquoi rétribuer l’homme riche plus ou autant que l’homme actif ?

Direz-vous que si cela est peu équitable, cela est du moins utile ? Mais, d’abord, c’est une pauvre philosophie, et bien usée, que celle qui sépare ce qui est utile de ce qui est juste. Et puis, qu’osez-vous prétendre ? Comment la société pourrait-elle trouver son profit à mettre sur la même ligne les services impersonnels que lui rend le capitaliste et les services personnels que lui rend le travailleur ? Le travail meurt avec le travailleur : le capital meurt-il avec le capitaliste ? Il n’y a rien d’impossible dans l’existence d’une association vivant sur un capital collectif, et l’histoire nous offre plus d’un exemple de ces sortes d’associations. Ainsi, l’on peut concevoir une société sans capitalistes : une société sans travailleurs se peut-elle concevoir ? Donc, bien que le capital et le travail soient également nécessaires, les capitalistes et les travailleurs ne le sont pas également. L’existence des sociétés ne dépend pas des premiers d’une manière absolue, tandis qu’elle dépend d’une manière absolue des seconds. Dès