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ORGANISATION

retranché. Cette troisième opinion, en apparence fort raisonnable, est au fond assez puérile, et, dans les termes où on le pose, le problème est tout à fait insoluble.

Voici le fait : ce qui doit être mis en question, ce n’est pas le système prohibitif, c’est le principe de libre concurrence. Tant que la libre concurrence sera maintenue, le système prohibitif, ou, si l’on veut, protecteur, restera comme une nécessité fatale.

Et qu’on ne crie pas au paradoxe ; car comment, je le demande, a-t-on pu en venir à regarder un régime de douanes comme une chose utile, bienfaisante, et, dans certains cas, indispensable ? La réponse est facile. Il a fallu protéger certaines industries indigènes contre la supériorité naturelle des industries étrangères rivales. Mais n’aurait-il pas mieux valu que ces industries indigènes ne fussent pas nées ? Sans doute, puisqu’elles sont venues au monde dans des conditions défavorables, puisqu’elles ne peuvent se maintenir que par le tribut qu’elles lèvent sur tous les consommateurs nationaux, puisqu’elles ne vivent qu’a la condition de sucer, pour ainsi dire, le sang de toutes les autres industries ? Pourquoi donc sont-elles nées ? Demandez-le au principe de la liberté d’industrie.

Il est évidemment dans les conditions de cet antagonisme universel, fruit amer de notre ordre so-