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INTRODUCTION.

une réforme politique. Car si la première est le but, la seconde est le moyen. Il ne suffit pas de découvrir des procédés scientifiques, propres à inaugurer le principe d’association et à organiser le travail suivant les règles de la raison, de la justice, de l’humanité ; il faut se mettre en état de réaliser le principe qu’on adopte et de féconder les procédés fournis par l’étude. Or, le pouvoir, c’est la forcé organisée. Le pouvoir s’appuie sur des chambres, sur des tribunaux, sur des soldats, c’est-à-dire sur la triple puissance des lois, des arrêts et des baïonnettes. Ne pas le prendre pour instrument, c’est le rencontrer comme obstacle.

D’ailleurs, l’émancipation des prolétaires est une œuvre trop compliquée ; elle se lie à trop de questions, elle dérange trop d’habitudes, elle contrarie, non pas en réalité mais en apparence, trop d’intérêts, pour qu’il n’y ait pas folie à croire qu’elle se peut accomplir par une série d’efforts partiels et de tentatives isolées. Il y faut appliquer toute la force de l’État. Ce qui manque aux prolétaires pour s’affranchir, ce sont les instruments de travail : la fonction du gouvernement est de les leur fournir. Si nous avions à définir l’État, est le banquier des pauvres.

Maintenant, est-il vrai, comme M. de Lamartine n’a pas craint de l’affirmer dans un récent manifeste, est-il vrai que cette conception « consiste à s’emparer, au nom de l’État, de la propriété et de la souveraineté des industries et du travail, à supprimer tout libre arbitre dans les citoyens qui possèdent, qui vendent, qui achètent, qui consomment, à créer ou à distri-