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DU TRAVAIL.

tient aux moines bénéficiaires ; neuf mille châteaux, deux cent cinquante-neuf mille métairies ou fermes, cent soixante-treize mille arpents de vignes, voilà ce qui sert de base en France à la puissance matérielle de l’Église, dont les revenus annuels peuvent être évalués à douze cent vingt millions[1].

« Eh bien ! encore quelques années, et cette force immense aura disparu. Le principe de la liberté de conscience remplacera l’autorité morale de l’Église ; on ne croira plus à sa parole ; ses traditions seront officiellement conspuées, et ses membres recevront un salaire en échange de leurs grands biens, devenus la propriété de l’État.

« Vous voyez quel est le pouvoir de la royauté ! Ses folies suffisent pour prouver jusqu’où va sa force. Louis XIV a impunément ensanglanté la France ; le régent l’a mise impunément au pillage, et c’est impunément que Louis XV la déshonore. Si la maison civile du roi est portée à vingt-cinq millions[2] ; si le jeu du roi absorbe seul des sommes qui feraient vivre des milliers de pauvres ; si les spéculations personnelles[3] du roi produisent des famines factices qui mettent le peuple au désespoir ; si le roi exerce à son

  1. Lettre du cardinal de Fleury au conseil de Louis XV.
  2. Compte rendu à Louis XVI en 1774. Collection, p. 114.
  3. Soulavie. Décadence de la Monarchie, III, 313.