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ORGANISATION

profit les plus monstrueux monopoles ; s’il est permis au roi d’enrichir ses courtisans et ses maîtresses en faisant élever ou baisser, selon ses fantaisies, le prix des grains[1] ; si le roi est assez pourvu de domaines de toute sorte pour donner à madame de Pompadour la terre de Crécy, le château d’Aulnay, le château de Bellevue, le château de Menars, la terre de Saint-Remy, l’hôtel d’Ëvreux, l’Élysée-Bourbon, l’Ermitage ; si le roi est assez pourvu d’argent pour payer deux millions cinq cent mille francs[2] les faveurs de madame Dubarry, courtisane échappée aux bras d’un mousquetaire ; si le roi rit de la pudeur de nos femmes et lève d’impurs tributs sur la virginité de nos filles ; ces exactions, ces ignominies, ces scandales qu’on ose à peine blâmer à voix basse, ne montrent-ils pas tout ce que la royauté puise en France de témérité et d’orgueil dans l’ignorance du peuple, la bassesse des gens de cour, le prestige du trône, la puissance des baïonnettes et l’influence des traditions ?

« Eh bien ! encore quelques années, et vous assisterez au spectacle de la royauté humiliée, insultée, enchaînée, mise en question. Une assemblée de bourgeois lui demandera compte de ses actes ; des robins la recevront assis et la tête

  1. Lacretelle. Dix-huitième Siècle, IV, 298.
  2. Soulavie. Décadence de la Monarchie, III, 155.