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INTRODUCTION.

majesté toute divine. Voilà deux mille ans déjà que des nations entières s’agenouillent devant un gibet, adorant dans celui qui voulut y mourir, le Sauveur des hommes. Et pourtant, que d’esclaves encore ! Que de lépreux dans le monde moral ! Que d’infortunés dans le monde visible et sensible ! Que d’iniquités triomphantes ! Que de tyrannies savourant à leur aise les scandales de leur impunité ! Le Rédempteur est venu ; mais la Rédemption, quand viendra-t-elle ?

Le découragement, toutefois, est impossible, puisque la loi du progrès est manifeste. Si la durée appartient au mal, elle appartient aussi, et bien plus encore à cette protestation de la conscience humaine qui le flétrit et le combat, protestation variée dans ses formes, immuable dans son principe, protestation immense, universelle, infatigable, invincible.

Donc, la grandeur du problème ne nous doit point accabler. Seulement, il convient de l’aborder avec frayeur et modestie. Le résoudre, personne en particulier ne le pourrait ; en combinant leurs efforts, tous le peuvent. Dans l’œuvre du progrès universel, que sont, considérés l’un après l’autre, les meilleurs ouvriers ? Et néanmoins, l’ouvrage avance, la besogne du genre humain va s’accomplissant d’une manière irrésistible, et chaque homme qui étudie, travaille, même en se trompant, à l’œuvre de vérité.

Aussi bien, rendre son intelligence attentive aux choses dont le cœur est ému, donner à la fraternité la science pour flambeau, penser et sentir à la fois, réunir dans un même effort d’amour la vigilance de l’esprit et les puissances de l’âme, se faire dans l’avenir des peuples et dans