Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’homme la prenne ! Il la prend par le travail.

C’est le travail qui produit la nouvelle et glorieuse création des êtres libres ! Sans le travail, nous reviendrions à cette première création d’anges, dont Dieu a trop bien préparé le mérite..... et qu’il n’a point rachetés ! Le travail est une source ontogénique de liberté. C’est par l’effort qui vient de lui-même que peu à peu l’homme se forme lui-même, et qu’il apprend vraiment ce que valent les dons de Dieu.

Le travail n’est que l’exercice constant de ce qui chez nous est une cause, de ce qui en nous s’accroît par un effort. Eh ! ne fallait-il pas que le mobile de la cause sortît aussi de notre propre sein ? Comment, alors, éveiller la première pulsation dans l’âme ? C’est la merveille de la faim. La faim fait sortir l’homme du néant. Toutes ces faibles créatures, à peine ouvertes à l’existence, ont si peu de sensibilité, qu’il a fallu, hélas ! les livrer à cette vive flamme pour les tenir en éveil au milieu de l’être.

La faim suffit à peine pour tirer le sauvage de son inertie. Incapable de se procurer la vie morale