Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/112

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d’autant. Car l’orgueil prend tout de suite place dans l’âme. Examinons avec attention les hommes ordinaires, ceux surtout qui nous sont soumis ; nous verrons dans quel moment toutes leurs forces se cabrent, dans quel moment, au contraire, toutes leurs vertus se relèvent ; et nous serons saisis d’un sentiment inconnu d’admiration pour l’incomparable justesse avec laquelle notre destinée est pondérée !

L’orgueil uni à l’inertie, cet état natif de nos âmes, oblige Dieu à les tenir sous les rigueurs du travail assidu. Le créé, laissé à lui-même sur le premier degré de l’être, y serait tout naturellement resté ; déposé là avec la force, il s’y serait enflé d’orgueil jusqu’à éclater dans la ruine. Comprenons-le : il faut que l’être libre naisse enfant, et que peu à peu sa substance s’enferme toute dans sa volonté..... Noble race d’Adam ! toute la vie est faite pour préparer ton mérite et ta liberté. Les êtres faibles seuls auraient voulu rejeter le glorieux fardeau. Il est peut-être des hommes qui regrettent de ne pas être nés tout préparés pour le bonheur. Dieu conservait de