Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’esclave, et l’autre le fait des cœurs libres. Néanmoins, dans toute douleur, il y a une semence de soumission, un germe secret de renoncement. La volonté humaine répond à la douleur par un certain degré de résignation.

La douleur formait l’âme des esclaves pendant le paganisme, en ce qu’elle les conduisait à la patience, à cette vertu nommée par saint Ambroise « la mère des enfants de l’Église », ou déclarée par saint Paul « la source des œuvres parfaites[1]. » L’esclavage devint pour la Gentilité comme un christianisme extérieur. Agissant sur la nature humaine affaiblie par la Chute, l’esclavage a fait obtenir les bénéfices intérieurs du travail à qui n’aurait pas travaillé, et ceux de la résignation à qui n’eût pas atteint cet élément de sainteté. Un fait qui a régné quatre mille ans a de profondes raisons d’être.

Que d’âmes la résignation a dû préparer à la grâce ! C’est ce qui explique encore de nos jours

  1. « Jamais valeureux chevaliers, dit un saint, n’ont attiré les regards des hommes, comme un cœur patient dans l’affliction attire ceux de tous les chœurs célestes. »