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CHAPITRE XVIII




nos âmes suivront jusqu’au bout leur pasteur

Aucun de nous n’est négligé, et l’œil de l’Infini repose sur chacune de nos âmes. On entend souvent dire par celle qui se croit maltraitée : « Il ne m’arrive que des malheurs ; ma vie s’est passée à souffrir ! » Qu’y a-t-il là de surprenant ? cette vie n’est pas une vie, mais une opération rapide[1], où l’âme est pressée d’arriver, par la perfection, dans le lieu du bonheur.

Nous nous effrayons trop ; et ce serait bien autre chose, s’il nous était donné de voir le chemin qu’ordinairement nous devons encore parcourir. D’après le récit d’une sainte, voici l’expli-

  1. Celui qui vit et meurt dans la prospérité n’est-il pas comme un tronc vermoulu dont Dieu n’a su que faire ? Ainsi le médecin qui désespère de son malade permet de satisfaire toutes ses fantaisies. L’antiquité elle-même considérait une trop grande prospérité comme un présage de grands malheurs.