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Aucun de nous n’est négligé, et l’œil de l’Infini repose sur chacune de nos âmes. On entend souvent dire par celle qui se croit maltraitée : « Il ne m’arrive que des malheurs ; ma vie s’est passée à souffrir ! » Qu’y a-t-il là de surprenant ? cette vie n’est pas une vie, mais une opération rapide[1], où l’âme est pressée d’arriver, par la perfection, dans le lieu du bonheur.
Nous nous effrayons trop ; et ce serait bien autre chose, s’il nous était donné de voir le chemin qu’ordinairement nous devons encore parcourir. D’après le récit d’une sainte, voici l’expli-
- ↑ Celui qui vit et meurt dans la prospérité n’est-il pas comme un tronc vermoulu dont Dieu n’a su que faire ? Ainsi le médecin qui désespère de son malade permet de satisfaire toutes ses fantaisies. L’antiquité elle-même considérait une trop grande prospérité comme un présage de grands malheurs.