Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/209

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faut qu’elle soit inoculée par l’homme. Le navire qui franchit l’Océan ne sait pas ce qu’il porte ! Dieu, dans sa loyale administration du monde, évitant tout ce qui pourrait le trahir à nos regards et entraîner notre assentiment, laisse passer avec art une multitude de faits, derrière lesquels sa Providence se tient absolument cachée. Enfin, il a su éviter de déposer de sa main les individus sur la terre ; tenant à leur montrer qu’ils naissent du vouloir, du mérite et des soins les uns des autres, et que les origines de leur existence se cachent dans les profondeurs de la liberté et de la solidarité humaines. L’unité de chute, comme l’unité de rédemption, se rattache du reste à ce grand mystère de l’être.

Le mal ! Mais sait-on bien ce qui s’opère dans le temps ? Songeons que le mal est un fait ! c’est bien grave, un fait : avoir percé la maille serrée de l’existence et être entré de force dans l’ordre altier de l’Absolu ! Un poète met dans la bouche de Satan : cette parole, dite avec amertume : « Je suis une partie de cette force qui veut toujours le mal, et qui fait toujours le bien. » Le mal doit-il, comme