Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/217

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lieu alors de capital, rendait possible le loisir indispensable au labeur intelligent d’où naissent les classes gouvernantes, sacerdotales, législatives et commerciales, sur lesquelles repose toute société.

Avant le Christianisme, sans l’esclavage, la plus grande partie du genre humain aurait été détruite par la faim, ou plutôt ne serait pas née. « L’homme, s’il est réduit à lui-même, dit le comte de Maistre, est trop méchant pour être libre » ; disons aussi trop paresseux. Le grand écrivain ajoute : « Comment se fait-il qu’avant le Christianisme, l’esclavage ait toujours été considéré comme une pièce nécessaire de l’état politique des nations, sans que le bon sens universel ait senti alors la nécessité de le combattre par les lois et par le raisonnement ? Jusqu’à l’époque du Christianisme, l’univers a toujours été couvert d’esclaves ; partout le petit nombre mène le grand nombre, car, sans une aristocratie plus ou moins forte, la puissance publique ne suffit point. Le nombre des hommes libres, dans l’antiquité, ne peut être comparé à celui des esclaves. À Rome,