Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/267

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instants de la vie. Sans doute, l’homme fit peu pour fixer en lui la plante du mérite ; mais s’il fit ce que lui demandait l’Infini ! Alors, à quoi bon le refaire ? Cependant la fertile épreuve se multiplie sans fin, dépassant mille fois la valeur de la vie. À chaque pas, l’homme dépose le socle d’une responsabilité nouvelle, et, à l’extrémité de la carrière, il n’aperçoit que lui, dans l’immense plage, pour prendre place sur tant de constructions.....

Pourquoi la liberté recommence-t-elle toujours, et pourquoi la douleur ne finit-elle jamais ? Puis-je dire que mon cœur, une fois rempli par l’amertume, ne s’en remplira plus ? La mer passe sur l’éponge gonflée sans y ajouter une goutte, et mon cœur se sèche de lui-même pour mieux être encore inondé ! Puis-je dire que ma liberté, s’abattant sous l’épreuve, ne se lèvera plus ? Le burin tombe en poussière avec le roc qu’il veut percer, et ma liberté se reforme elle-même pour mieux recommencer ! Que je regarde au dehors, que je regarde au dedans, partout l’immensité de l’effort et de la douleur.