Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/280

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Le Dieu qui aime ne veut pas voir toutes ses créatures éprouvées à la fois dans les douleurs de l’ineffable enfantement. Vers cette tendre oreille des Cieux, les cris de l’individualité naissante ne pouvaient monter de tous les points de l’univers : reculer les bornes de l’être, c’était porter plus loin les confins du bonheur ! Cependant l’Infini, parcourant sa carrière éternelle, versait à profusion les sels de la vie sur les champs arides du néant ; et l’immense douleur fécondant les germes des êtres, couvrait la création..... Il fallait donc que l’onde amère se retirât de ses nombreux rivages pour s’enfermer dans son golfe le plus étroit ! Pour que l’éclatante joie, révélant l’immortalité aux êtres, puisse briller sur l’univers, le filon d’or de la souffrance habitera des cœurs profonds.....

Et cette main de l’Infini qui dans un germe mit tout l’arbre, et dans l’arbre une forêt, mit dans la souche toute l’espèce, et comme l’œuvre de l’espèce. C’est ainsi qu’on vit sur la terre les