Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/52

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Ô mystère de l’être, que de ressources dans tes abîmes ! Où le néant semblait indispensable, déjà la mort vient de suffire.


Comme le remarque Mme de Staël, la douleur est donc un bien, ainsi que l’ont dit les mystiques ? Elle n’est pas un bien en soi, mais en ce qu’elle est l’instrument efficace d’un bien. La douleur est notre moyen naturel de perfectionnement ; elle est une dernière ressource pour l’âme qui, dans sa défaillance, abdique ses prérogatives.

Une partie de l’âme est-elle tombée dans l’insensibilité de la mort ? l’ardent charbon de la douleur y rallume aussitôt la vie. La douleur restitue ses puissances radicales à l’homme, qui, sans mérite, les avait reçues de là création. Elle produit un effet qu’on ne sait comment exprimer : elle condense l’être. Sous les coups répétés du marteau, le fer rouge devient de l’acier.

Semblablement, dans l’ordre physique, la douleur, fille de l’irritation, n’est qu’une accumulation de vitalité sur un organe. Pour ranimer un membre engourdi, on ramène par des frictions la