Page:Blanc de Saint-Bonnet - La douleur, Maison de la bonne presse, 1911.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans le faire expirer de joie ? Attentive ménagère de mon âme, comme tu as su récolter tous les fruits de ma vie ! Que je sais bien comment tu t’y es prise avec moi : l’inspiration venait, tu l’arrêtais ; l’espoir naissait, tu me l’ôtais ; mes transports, tu les étouffais ; un bien, tu me le reprenais ! Sainte douleur, si je te juge par les douceurs que tu m’as enlevées, tes flancs doivent contenir pour moi des délices inouïes ; et dusses-tu traîner mon cœur sur les sables des déserts, je ne te quitterai pas ; il faudra bien que tu laisses briser un jour sur ma tête penchée l’urne remplie des joies que tu me ravissais !

— Mais, silence, ô mon âme ! ou l’on prendrait ton cri pour celui de la plainte, quand tu voudrais mettre ta vie dans un seul cri, celui de la reconnaissance pour ce Dieu qui voulut t’appeler du néant et te combler de dons capables de t’unir à Lui pour toujours.....