Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

jet ; ce n’est plus sa force que l’on recherche aujourd’hui, mais son intelligence, son habileté, son adresse. Un mécanicien est mieux payé qu’un tourneur de roue, l’ouvrier qui sait réparer lui-même son métier reçoit plus que celui qui est obligé de recourir à l’aide d’un contre-maître ; c’est la différence qui existe entre les ouvriers anglais et français.

Ce sont aussi les machines qui ont permis de donner aux femmes, du travail proportionné à leur force, qui les a fait sortir de cette éternelle minorité à laquelle les anciennes lois organisatrices de l’industrie les avaient condamnées. Cette amélioration dans le sort des femmes est un signe non équivoque de civilisation : chez les sauvages, elles remplissent les fonctions de bêtes de somme dans les campagnes, leur condition n’est guère plus supportable ; dans les villes au contraire qui doivent leur prospérité aux machines et à l’industrie, elles sont employées à un travail qui n’a rien de dégradant, et où elles peuvent faire usage de la délicatesse de leurs organes, de l’habileté de leurs doigts, du tact exquis dont elles sont douées.

Les machines ont encore émancipé les enfants qui n’avaient été jusqu’ici qu’une charge souvent bien lourde pour leurs parents, et qui sont devenus un moyen d’augmenter le bien-être de la famille.

Malheureusement, Messieurs, on ne s’est pas borné à tirer des machines les avantages qu’elles offrent, la convoitise de l’homme en a abusé comme de toutes les bonnes choses ; car après avoir fait servir les machines à économiser la force de