Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/105

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chines dont l’objet est d’abréger l’art ne sont pas toujours utiles. Si un ouvrage est à un prix médiocre et qui convienne également à celui qui l’achète et à l’ouvrier qui le fait, les machines qui en simplifieraient la manufacture, c’est-à-dire qui diminueraient le nombre des ouvriers seraient pernicieuses ; et si les moulins à eau n’étaient partout établis, je ne les croirais pas aussi utiles qu’on le dit, parce qu’ils ont fait reposer une infinité de bras, qu’ils ont privé bien des gens de l’usage des eaux, et ont fait perdre la fécondité à beaucoup de terres. » Vous le voyez, Messieurs, le génie même n’est pas à l’abri de l’erreur, et dans cette circonstance nous surprenons Montesquieu à désirer que le peuple soit renvoyé à la meule, le châtiment des esclaves chez les anciens. Quelles ne seraient pas ses plaintes contre nos moulins à l’anglaise.

Colbert lui-même fut effrayé de l’envahissement des agents mécaniques dans l’industrie, lui qui cependant avait entrepris et exécuté tant de réformes qui eurent des résultats aussi perturbateurs pour le moins que ceux qui ont été amenés par les machines. Un mécanicien ayant été présenté un jour à ce célèbre ministre, s’efforça de lui expliquer les avantages d’une machine qu’il venait de construire et qui pouvait remplacer plusieurs ouvriers, et lui demanda son appui pour faire adopter son invention dans les fabriques. Colbert lui répondit : Allez porter ailleurs votre machine, nous avons ici trop de bras a occuper pour songer a les rendre inutiles. Et quand il fut sorti, il ajouta en s’a-