Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/123

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-même aurait probablement applaudi ce sentiment de fraternité universelle. Mais si la charité est pour quelques-uns la rosée bienfaisante qui rafraichit et anime, pour les autres c’est un encouragement sûr à la paresse, et le moyen de vivre aux dépens de la fortune publique sans compensation aucune. C’est là une conclusion à laquelle les personnes charitables étaient loin de s’attendre, et ce qui explique, du moins en partie, comment, malgré tous nos progrès, le nombre des nécessiteux augmente ; c’est parce que la taxe des pauvres, qui était de 8 millions sous Élisabeth, dépasse aujourd’hui 250 millions (presque autant que dépense notre armée, et plus que l’intérêt de la dette publique) ; que le nombre des pauvres inscrits est incroyable chez nos voisins. Car chez eux, Messieurs, il suffit qu’une femme se présente avec cinq ou six enfants, qui souvent ne sont pas les siens, pour qu’on accorde une prime à son immoralité. L’enquête du parlement signale plusieurs exemples de cette audace, et ils se sont reproduits, parce qu’il est fort difficile de distinguer les bons pauvres. Les choses sont allées si loin, que le gouvernement anglais a dû s’arrêter ; en effet, le sort des travailleurs était souvent plus précaire que celui des pauvres dont ils payaient la taxe. Outre sa famille ; l’ouvrier a eu à soutenir son contingent de Vagrants, véritable matière première des voleurs de profession. Les sacrifices ne se sont pas non plus bornés aux 250 millions de taxes, car il faut y ajouter toutes les dépenses de police, de prisons, d’hôpitaux, de justice, qu’entraîne la surveillance d’un si grand