Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/124

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nombre d’oisifs, sans autre préoccupation que celle de mal faire, et en même temps il faut compter le montant des vols commis par tous ces industriels qui ne prélèvent pas moins, selon M. Béranger, de 25 millions chaque année sur la seule ville de Londres. C’est là un budget effroyable !

On peut donc dire que tous les peuples ont eu la plaie du paupérisme ; mais aucun n’a eu tant à souffrir que l’Angleterre, parce qu’aucun ne s’est fait une obligation d’alimenter aveuglément certaines classes oisives.

On en était là, lorsque plusieurs penseurs, frappés d’un état de choses si dégradant pour l’espèce humaine, se sont demandés s’il n’y aurait pas un moyen de mettre un terme à tant d’abus, et de séparer les pauvres malheureux de ceux qui se servaient de leur misère comme d’un manteau pour cacher leurs vices. Parmi ces hommes figure au premier rang un Anglais : Malthus. Il a formulé les doctrines qui ont fait le plus d’impression ; il a posé comme dogme social et fondamental ce principe, que s’il y avait tant de nécessiteux, c’est que la population était trop abondante, et que les secours engendraient les pauvres (Je n’approuve ni ne désapprouve en ce moment cette opinion ; il y a à prendre et à laisser). Aussi, s’écrie-t-il plus de taxes, plus d’hospices, et par conséquent plus d’aumônes pour les gens. Partant de ce point, l’économiste anglais s’est livré, pour étayer sa thèse, à une foule de recherches remarquables. Avant lui, deux économistes italiens avaient bien observé et publié que les mendiants et les voleurs s’accrois-