Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/128

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accueillie en Europe ; mais si elle n’est pas entièrement passée dans la loi, chacun y a gagné un peu de prudence ; car, au fond, il y a dans le conseil exagéré de l’écrivain anglais, assez de vrai pour agir fortement sur l’esprit et inspirer une certaine terreur. C’est ainsi que Malthus a rendu un service qui doit suffire pour lui mériter l’estime et la reconnaissance de tous.

D’ailleurs, Malthus a rendu d’autres services ; il a persuadé aux gouvernements qu’il fallait mettre plus de discernement dans la distribution des secours, pour ne pas multiplier les pauvres de mauvais aloi, et ceux-ci ont été forcés de recourir au travail, le refuge universel.

Lorsque le livre de Malthus parut, il produisit une vive sensation dans toute l’Europe ; car l’auteur avait pris une allure mathématique pour étayer un dogme basé sur la fatalité, disant au malheur, pour toute consolation et pour tout secours : Tant pis pour vous ; allez-vous en.

Je ne saurais mieux vous le faire connaître, après tout ce, que je viens de vous dire de lui, qu’en vous lisant un passage textuel de son ouvrage.

« Si, après l’avertissement que j’ai proposé de donner au public, quelqu’un désirait encore se marier, sans avoir la perspective de pouvoir faire subsister une famille, il faut qu’il soit parfaitement libre de le faire. Quoique dans ce cas, le mariage soit, à mon avis, un acte immoral, il n’est cependant pas du nombre de ceux que la société ait droit d’empêcher ou de punir. Il faut laisser à la nature le soin de la punition. »