Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/163

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elle a porté la responsabilité de ses fautes et de ses erreurs ; mais ce serait en commettre une bien grande de croire que si elle doit faire en sorte qu’il n’y ait pas de gens absolument sans travail et sans pain, elle doive donner à chacun une même mesure de bien-être et de richesse.

Tous, nous avons le droit de vivre sans doute ; mais nous ne pouvons exiger la même aisance parce que nos facultés, nos talents sont différents. Nous naissons avec de l’intelligence ou nous en sommes dépourvus, comme nous sommes beaux ou laids, noirs ou blonds ; les inégalités sont dans la nature, aussi bien pour l’esprit que pour le corps. Deux hommes partent du même point l’un devient un Girodet ou un Géricault, l’antre reste un obscur peintre d’enseignes ; ces hommes ne sont point égaux. Un fabricant de mélodrames est-il l’égal d’un Racine ? Un frater de village doit-il être payé autant qu’un Portal ou un Dupuytren ? La société ne doit donc pas aux hommes la renommée et la fortune parce qu’elle ne peut leur donner le talent et le génie qui les procurent. Mais si elle ne peut faire disparaître les inégalités naturelles, elle peut et elle doit faire cesser toutes celles qui sont artificielles, c’est-à-dire qui tiennent aux lois et aux institutions. Il faut donc qu’en corrigeant les abus et réformant l’instruction publique, elle ouvre à tous la carrière que seuls ensuite ils doivent parcourir, et qu’elle lève tous les obstacles qui pourraient les arrêter dans leur marche.

Il faut que les hommes soient prévenus qu’ils