Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/191

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plus, aujourd’hui que tout le monde est à-peu-près convaincu des avantages de la probité, en fait de monnaies, qu’un intérêt de curiosité. Jamais, à aucune époque, les altérations ne furent plus scandaleuses qu’en France, sous le règne de Philippe de Valois, que l’on pourrait, avec raison, appeler le roi faux monnayeur. Tous les contrats, les marchés furent en quelque sorte anéantis ; quiconque avait vendu, au temps de la bonne monnaie, était payé avec la faible, parce que les ordonnances voulaient que les paiements eussent lieu dans la monnaie courante. Ces fraudes officielles, répétées, comme à l’envie, par presque tous nos rois, et qui firent descendre à 50 francs la valeur de la livre d’argent, qui était à 80, sous Charlemagne, eurent les conséquences les plus graves ; on vit, après chaque ordonnance, des magasins se fermer, et les commerçants quitter le royaume et aller, avec les principaux artisans, porter leurs capitaux et leurs talents dans des pays où la propriété était mieux respectée.

Rendus presque toujours pour venir au secours des finances obérées, les édits de falsification allaient directement contre le but que leurs auteurs s’étaient proposé ; les monnaies réduites étaient bientôt dépréciées, et le prix des choses que le gouvernement avait besoin d’acheter pour l’entretien des troupes augmentait, ainsi que toutes les dépenses dont il était chargé, en proportion des altérations commises. D’un autre côté encore, les impôts étant payés en monnaie affaiblie, les ressources étaient rendues insuffisantes, et on était obligé