Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/238

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qu’une seule ressource : les biens nationaux confisqués sur les émigrés ou appartenant aux communautés et aux couvents ; mais leur vente était difficile, et naturellement fort lente ; l’incertitude des événements arrêtait d’ailleurs les acquéreurs. Peu importe, il fallait de l’argent à tout prix et de suite, les besoins étaient pressants ; on se décida à délivrer alors en paiement des dettes ou des fournitures publiques, des assignats ou assignations sur les produits de la vente des biens confisqués. Plus les besoins augmentaient et plus on émettait de ces billets, bientôt ils dépassèrent la valeur des biens qu’ils représentaient et qui leur servaient de garantie, la nécessité commandait chaque jour plus impérieusement, on ne savait ou on ne pouvait lui résister. Les émissions alors ne connurent plus de bornes, ce qui amena la dépréciation des billets ou assignats, dans une proportion d’autant plus forte qu’on avait fait plus d’efforts pour l’empêcher. Les prix de toutes choses augmenta : des bottes, des chapeaux se vendaient jusqu’à 15 et 20,000 francs en papier. Bientôt, malgré la loi qui lui donnait un cours forcé, sous peine de mort, personne ne voulut plus en recevoir, il ne servait qu’à solder les impôts et les achats de propriétés nationales, qui semblaient se vendre fort cher, quand en réalité, on les obtenait pour rien. Le trésor seul recevait encore des assignats, quand depuis long-temps le public les refusait.

Cet état de choses dura jusqu’à la reprise des paiements en espèces, sous le consulat.

L’Angleterre n’avait échappé à une ruine sem-