Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/62

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bout de dix ans, par exemple, vous retrouvez les deux frères : l’un végétera misérablement avec ses mille francs de rente, s’il ne les a pas même entamés et perdus ; tandis que l’autre aura fait son chemin dans l’industrie ou le commerce, et qu’il y aura amassé des capitaux doubles, triples, décuples même de ceux qu’il aurait eu de sa légitime. Maintenant appliquez ce raisonnement à une nation et voyez combien sa puissance devra, être considérable ou réduite, suivant qu’elle aura donné à chacun de ses enfants de l’or, comme l’Espagne, ou de l’instruction comme l’Angleterre.

Adam Smith a dit : ne croyez pas que la nation la plus riche est celle qui a le plus de troupes et de forteresses, mais celle qui a le plus d’intelligence, origine de la richesse. Voyez la Russie, qui occupe tant de place sur la carte, et a des centaines de millions de sujets et des millions de soldats ; et comparez la à l’Angleterre, dont le territoire microscopique semble un point qu’on ne peut observer qu’à la loupe. Ici il n’y a pas des bras nombreux voués à l’oisiveté des garnisons, les chevaux ne piaffent pas sur les places publiques et ne caracolent pas dans les champs de manœuvres ; ils travaillent à la charrue, ce qui ne les empêche pas, quand le besoin se fait sentir, de marcher à la guerre : les charretiers deviennent alors des soldats et des cavaliers, et les chevaux sont attelés aux canons.

C’est le développement quotidien du capital moral qui facilite l’accroissement des richesses nationales et les travaux d’un Watt, d’un Arkwright, d’un Lavoisier, d’un Vauganson, d’un Jacquard