Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/83

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que, dans les dernières éditions, il a effacé quelques phrases trop dures, et qu’il s’est ainsi incliné devant l’école française.

M. de Sismondi s’est donc indigné fort justement contre l’école anglaise ; mais tout en reconnaissant qu’il a montré dans la lutte une force et une vigueur remarquables, il faut aussi avouer qu’il est sorti lui-même des limites du vrai. Car si le développement de l’industrie a occasionné quelques maux, que de biens n’en est-il pas résulté ? Sans les machines, sans la division du travail, les ouvriers d’aujourd’hui auraient-ils le linge que n’avaient pas nos pères ! Il y a cent ans sur deux mille personnes, il n’y en avait pas deux qui eussent des bas. Combien d’autres progrès dont nous sommes loin de nous douter ; car l’histoire du peuple n’a pas été faite. Nous possédons vingt histoires également mensongères des princes et des rois, et personne ne nous a dit comment vivaient et comment étaient vêtus ou logés nos ancêtres[1]. Mais à défaut d’un Cuvier qui pût nous faire avec des débris l’histoire qui nous manque, nous sommes obligés de juger d’après ce que nous avons vu nous-mêmes ou d’après ce que nous ont dit nos vieux parents. Je possède, pour mon compte particulier, un de ces vestiges qui serviront un jour à constituer l’histoire de nos aïeux, je veux parler de l’habit que mon père a porté comme représen-

  1. M. Montell a publié plusieurs volumes d’une histoire des Français de divers états ; il est vivement à regretter que ce savant n’ait pas pu continuer un ouvrage sous plusieurs rapports si remarquable. (Note du R.)