Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/93

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l’on a appelés avec raison les hauts barons d’une féodalité nouvelle.

Dans un autre passage de ses Nouveaux principes M. de Sismondi propose encore d’anéantir les privilèges dont jouissent les inventeurs, c’est-à-dire de mettre leur découverte en circulation, de la jeter dans le domaine public parce que, dit-il, « en en conservant la jouissance exclusive à l’inventeur on lui donne le monopole du marché contre les autres producteurs ses compatriotes. Il en résulte que les consommateurs nationaux y gagnent fort peu, que l’inventeur y gagne beaucoup, que les autres producteurs y perdent et que leurs ouvriers meurent de misère. Si, au contraire, toutes les inventions sont immédiatement révélées, immédiatement soumises à l’imitation de tous les rivaux de l’inventeur, le zèle pour de pareilles découvertes se refroidira et l’on ne les regardera plus comme un expédient par lequel on peut enlever des pratiques à ses concurrens. »

M. de Sismondi a grande raison de dire que si les inventions sont immédiatement révélées, le zèle pour de pareilles découvertes se refroidira ; et il se refroidira si bien qu’il disparaîtra même tout-à-fait et que les hommes industrieux iront porter leurs inventions dans des contrées où les droits du génie sont mieux appréciés et mieux récompensés. Il arrivera alors ce qu’il vous est facile de prévoir en comparant deux peuples dont l’un utiliserait toutes les découvertes toutes les machines possibles, tandis que l’autre les repousserait pour employer un plus grand nombre de bras.