Page:Blessebois - Montifaud - Le Zombi du Grand Perou.pdf/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des châtiments dont leur sensibilité ne pourrait même supporter la vue. Ces cruels châtiments n’en sont pas moins irrévocablement exécutés ; et contre qui ? Souvent, et trop malheureusement, contre une rivale qui sait mieux que cette furieuse maîtresse jusqu’à quel point l’amour le plus vif du sultan de la case les lui a mérités, et qui ne manque pas, d’après ces châtiments mêmes, de se considérer comme la favorite la plus séduisante et la plus aimée des odalisques du Harem. »

C’était une chose inédite, une phase imprévue du plaisir, que ce harem de chaque plantation, dont le possesseur venait choisir à tour de rôle une esclave domptée à tous ses caprices. C’était inusité de posséder un corps de négresse qui semblait modelé dans le clair obscur de la nuit ; dont le masque jetait comme une tache violente et audacieuse entre les ombres colorées du soir, et qui accentuait encore par son noir terrible la morsure aiguë de la volupté. Les cheveux laineux ne se noyaient pas avec la peau, « comme les cheveux blonds avec les chairs blondes, » mais au contraire se dressaient en une touffe rebelle sur le front ; chaque ton de la physionomie se nuançait, s’affirmait, gardait sa puissance locale, au lieu de se fondre, de se transfuser avec les autres teintes, comme dans les visages européens. Les lèvres étaient toujours prêtes à montrer les dents, et si les lignes du visage étaient engluées, le type nègre oriental qui, dans la Nativité, de Rubens, s’encadre d’un turban blanc, tandis que le buste est habillé de vert, ressortait en elles avec