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INTERREGNE. L’interrègne est l’intervalle d’an régne à l’autre. Dans nne monarchie héréditaire l’héritier présomptif est roi de droit après !a mort de son prédécesseur ; on connatt le mot Le roi est mort, vive le roi. Il n a interrègne dans un tel État que si, une dynastie ayant pris un, Je prince n’est remplacé qu’après un certain intervalle.

Dans une république il n’y a pas d’interrègne, car le suprême magistrat est électif, il ne régne pas, mais il gouverne. La un de son gouvernement étant prévue, on pent procéder à temps à l’élection de son successeur, qui entre en fonction au moment où le premier en sort. Ici aussi il n’y a pas de solution de continuité.

H n’en est pas de même dans une monarchie élective. Le roi étant élu à vie, la date précise de sa Bn n’est pas connue, et on a mauvaise grâce de dire à un homme qu’on croit sa mort prochaine. H y a donc interrègne, c’est le temps de l’élection. On sait depuis longtemps le mal que peuvent causer ces éclipses momentanées du réprésentant de l’autorité. Aussi à Rome, après la mort des rois, le Sénat nommait un entre-roi, pour les fonctions religieuses qui ne pouvaient être remplies par d’autres magistrats.

Les guerres entre prétendants qui suivirent dans l’empire romain la mort de Galba et celle de Didius Julianus, furent de véritables interrègnes. On cite, dans l’histoire de France, l’interrègne de 736 à 74 i, de la mort de Thierry II, à l’avénement de Childéric ni. Charles Martel gouverna la France pendant cette période, comme il l’avait gouvernée sous Thierry II, comme son fils Pépin le Bref la gouverna sons le règne suivant. Il y eut encore un interrègne d’un an entre la mort de Carloman et l’avéncment de Charles le Simple ; un de cinq mois en 1316, de la mort de Louis le Hutin à la naissance de Jean I", qui régna quatre jours. Le plus célèbre de tous est le grand interrègne de l’empire d’Allemagne. H dura vingt-trois ans, de la mort de Conrad IV (1250) à l’élection de Rodolphe de Habsbourg (1273). Trois empereurs furent éms en même temps dans cet intervalle Guillaume de Hollande, Richard d’Angleterre, et Alphonse d’Aragon. Aucun ne

régna. Ce fut un temps de discordes et de violences. La complication supérieure des institutions politiques a, selon les pays, supprimé le pouvoir royal ou étendu au mode de sa transmission la régularité croissante de tous les mouvements politiques. Aussi les interrègnes, si frappants et si funestes dans l’ancienne histoire, sont-ils des accidents étrangers à l’histoire moderne. JACQUES DE BoisjosuN. INTERRUPTION. L’interruption, dans une assemblée délibérante, est un abus, mais comme le tempérament y joue un rôle, il sera difficile de le faire disparaître complètement par des règlements. Du reste l’opinion se prononce contre cet abus en ridiculisant les interrupteurs systématiques.

Il.

L’interruption isolée n’est en effet qu’un mal bien petit, et le ridicule suffit pour en faire justice ; mais il y a ce qu’on pourrait appeler l’interruption en masse, lorsqu’un parti s’obstine à ne pas laisser parler un adversaire. Les règlements devraient armer les présidents des pouvoirs nécessaires pour empêcher ces actes de violence ; seulement il est à craindre qu’il ne soit difficile d’indiquer des moyens d’exécution contre une forte minorité, et plus encore contre la majorité elle-même.

INTERVENTION. On appelle intervention, en politique, l’action exercée par un ou plusieurs gouvernements sur un ou plusieurs autres gouvernements, à propos d’événements intérieurs ou extérieurs, de nature à compromettre la paix générale.

A le prendre dans le sens étymotogique, le mot intervention devrait signifier arbitrage ; mais la fonction d’arbitre supposant un complet désintéressement de la part de l’intervenant, il n’y a certes pas lieu à en faire d’application rigoureuse à la politique, car l’ingérence d’un pays dans les affaires d’un Etat étranger revêt rarement et conserve plus rarement encore ce noble caractère. Toutefois, le principe d’où émane le droit d’intervention est théoriquement la reconnaissance d’un droit humain, l’anirmation de l’unité de la raison humaine, l’attestation d’une solidarité morale et matérielle entre tous les peuples et tons les individus, indépendante et supérieure aux constitutions et aux lois particulières qui les régissent. Nil humani a «te aHMmmjMtfo.

Rien de ce qui touche l’humanité ne me saurait être étranger ; teUe est la profession de foi de l’homme de progrès, quelle que soit sa nationalité. Rien de plus noble à coup sûr ; mais élever à l’état de généralité ce qui est l’apanage de l’individu illuminé parla raison, n’est-ce pas anticipersur le temps etdonnerla sanction d’un principe de justice supérieur aux tentatives ambitieuses des gouvernements ?

Dans notre pays siaccessibleâi’entrainement des idées générales, le droit d’intervenir au nom de l’humanité dans les débats intérieurs et extérieurs des autres peuples est presque considéré comme d’investiture divine, et cette passion généreuse nous a souvent fait oublier jusqu’au soin de notre propre indépendance. Est-ce à dire qu’il y ait un droit humain, uxe, invariable, accepté de tons et de nature à servir de règle à toutes les relations de peuple à gouvernement, d’État à État ? Il suint de jeter les yeux sur les événements contemporains et d’invoquer l’histoire du passé pour reconnaitre combien nous sommes loin encore d’une pareille réalisation.

Cependant le droit d’intervention s’exerce chaque jour ouvertement ou par voie détournée, au détriment de la morale universelle. Il a servi et peut servir de prétexte à toutes les usurpations, à toutes les iniquités, à toutes les spoliations. Au lieu de prévenir la guerre, il fait le plus souvent sortir une conflagration gé-