Page:Block - Dictionnaire général de la politique, tome 2.djvu/127

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ministère dont M. Gladstone était le chef, put mettre en œuvre une nouvelle politique plus saine et plus habile, et tout en prenant les mesures de sûreté nécessaires, travailler à éteindre les justes griefs des Mandais. Les taxes d’église furent abolies. Les encouragements donnés à l’instruction primaire, à l’étude des sciences et des arts, se développèrent sous une direction active et intelugente. Le principe de l’égatité des droits civils et politiques s’étendit à l’organisation religieuse ; l’Eglise anglicane, privée de ses priviiéges, fut pfacée dans la mème condition que l’Église catholique, et une partie de ses biens passa au service de différentes oeuvres d’utilité publique. Enfln la question du système agricole fut abordée résolument. « Malgré tout ce que nous avons fait, disait M. Gladstone, la condition du paysan irlandais n’est pas matériellement meilleure qu’avant l’adoucissement des lois pénales. Nous leur avons donné une chose énorme : nous les avons é)evés. Mais quand on élevé un peuple, quand on lui donne un esprit émancipé et une presse libre, et qu’on n’enlève pas en même temps les justes sujets de plainte, je demande si ce n’est pas suivre la ligne de conduite qui doit aboutir à l’augmentation des dif)icu)tés avec lesquelles on a à lutter. La liberté des contrats n’existe pas à l’égard de la terre. Dans un pays où la demande de la terre excède toujours la quantité disponible, et où l’excès de la demande est accru par la tendance à convertir la terre labourable en pâturage, dans ur : pays où l’excès de la population est dépourvu d’autres travaux que la culture du sol, la liberté des contrats pour les tenanciers n’est qu’une liberté nominale. Combien de crimes ont été provoqués par des exigences et des évictions injustifiables r L’émigration libre et volontaire est un moyen ordonné par la Providence pour couvrir et cultiver les déserts de la terre ; mais quand on dit à des habitants attachés à leur patrie qu’on ne peut leurgarantir la possession de leursfermes et l’exercice de leur industrie, c’est un exil et ce n’est pas ainsi qu’on obtient l’affection de la population, »

Qu’opposer à des sentiments aussi nobles et â des raisons aussi fortes ? Le vieil esprit résista vainement comme pour le maintien de l’Eglise d’Etat. La loi conféra aux tenanciers des garanties équitables ; elle ne leur donna pas le droit d’occupation perpétuelle que des utopistes avaient demandé pour eux ; mais ils sont autorisés à sous-louer leurs terres ; s’ils sont troublés dans leur jouissance par le fait du propriétaire, ils ont droit à une indemnité, et si le propriétaire les congédie, il doit leur payer le montant des améliorations qu’ils ont faites. De plus, l’administration des travaux publics est autorisée à avancer des fonds aux propriétaires qui veulent améliorer leurs domaines et aux tenanciers qui veulent et peuvent acheter les terres qu’ils cultivent.

Le malheur veut que ces mesures réparatrices aient été tardives et forcées ; elles seront d’autant plus lentes à porter leurs fruits. L’oppression et la misère n’ont pas seulement aigri les cœurs ; elles ont aussi troublé la conscience, faussé le jugement, et fait germer dans les esprits des chimères très-dangereuses. L’idée de déposséder les propriétaires au profit des fermiers qui cultivent leurs terres n’a pour beaucoup de ces derniers rien d’absurde ni de révoltant. Les ouvriers agricoles, de leur coté, n’aspirent plus seulement à un travail assuré et bien rémunéré ; ils voudraient qu’on leur assignât dans ces terres qui lcs entourent des parts à leur convenance. L’hiande a ses charlatans et ses ambitieux qu’elle écoute volontiers ils lui déciarent avec une feinte conviction qu’elle n’a pas cessé d’être opprimée et exploitée par l’Angleterre ; que, pour être heureuse, il faut qu’elle se gouverne elle-même ; et les uns prêchent le rétablissement d’un Parlement irlandais comme avant l’Union, les autres une organisation politique semblable à celle de l’Australie et du Canada. Le clergé catholique est inquiet des tendances de l’esprit moderne et préoccupé du soin d’empêcher les défections dans son troupeau ; aussi s’est-il énergiquement prononcé contre les fenians, qui montrent peu de sentiments de pieté ; mais il prétend avoir la main sur l’enseignement et sur la presse ; il réclame ]a collation des grades universitaires ; il fait la guerre aux écoles mixtes d’enfants catholiques et d’enfants protestants il se plaint que la part de l’Église romaine dans les subsides de l’Etat n’est pas proportionnée au nombre des fidèles, et l’influcnce énorme que possèdent les prêtres de cette communion leur permet, sinon d’arriver âleursuns, du moins de contrarier la politique conciliante du gouvernement.

En face de ces divers éléments de discorde, se trouve une minorité de protestants dont les sentiments correspondent exactement à ceux que leur témoigne en toute occasion la masse des catholiques. De temps à autre les deux partis en viennent aux mains avec les mêmes fureurs qu’autrefois. Entre eux, on n’aperçoit encore qu’un petit nombre d’hommes dégagés de toutes ces passions désoiantes et dirigés par des principes libéraux, en un mot de citoyens honnêtes et éclairés. C’est lo noyau de la société nouvelle qui, avec le temps et l’égalité des droits civils et politiques, doit unir par absorber, en se développant, les éléments opposés, comme l’Écosse actuelle est elle-même sortie du désordre où la tinrent durant det siècles ses différences de race et de religion. L. S~ITH.

CMCPABEZ Grande-Bretagne.

ISAURIENS. Les Isauriens étaient des peuples barbares, habitants d’un petit canton du mont Taurus, au nord-ouest de la Cilicie. On recrutait parmi eux la garde des empereurs byzantins. Us furent la terreur de Constantinople, comme les prétoriens le furent de Rome. Mais leur pouvoir fut beaucoup.moins long. Ils donnèrent l’empire à Zénon (474-491), gendre de Léon Ier, quiavait lui-même été erèéAuguste par un Bulgare. Ils rétablirent Zénon, quand la